Cléone, clap sur Isabelle Ménal, l’auteure de la pièce

Après huit mois de travail intensif, la troupe de Cléone peut se féliciter des quatre représentations qui ont eu lieu du 21 au 25 octobre 2015 au Théatre du Ménilmontant à Paris. La pièce qui s’est jouée, chaque soir, à guichet fermé, a remporté un vif succès auprès du public.

Si les décors minimalistes et les costumes représentatifs de l’Amérique des années 90 ont séduit les spectateurs, les dialogues intelligents et finement écrits ont fini par plonger le public dans une extase exaltante. Nul besoin de vous dire que l’assistance n’est pas prête d’oublier de sitôt cette battle de rap hilarante, entre Jérémy (Nicolas Mouen) et Madame Clay (Véronique Gaudin) ni le sens de la répartie de Cléone Jones (Joby Smith) et Jessica (Clémentine Justine) face à un Akil (Steeve Burdey) volatile et un Jérémy fougueux. Elle n’oubliera pas non plus, la talentueuse chorale de Cléone (Collectif Sankofa Unit) qui a enflammé la scène par son dynamisme et ses performances vocales.

La pièce, orchestrée par le metteur en scène, Alain Akoa, a été longuement applaudi à sa clôture et la troupe n’a pas hésité à aller à la rencontre du public pour échanger quelques anecdotes. Afrique sur scène en a profité pour recueillir les propos d’Isabelle Ménal, la femme derrière Cléone.

Fred Maréchal
Isabelle Ménal copyright © Fred Maréchal

Pouvez-vous vous présenter… Quel est votre parcours ?

Je suis comédienne et auteure, née à Paris et originaire de la Guadeloupe. Je suis venue à la comédie tard, même si cette passion me tiraillait depuis des années. Lorsque j’ai réalisé que là était ma vocation, j’ai suivi des cours, afin d’avoir une base technique,  et une méthode de travail. L’écriture est pour moi une étape logique du processus de création. Ça fait partie de la panoplie d’un artiste. A un moment donné, tu ne peux plus seulement interpréter les choses, et dépendre du regard de l’autre. Le besoin de créer se fait ressentir, de dire des choses, de faire passer ses propres messages et non plus uniquement ceux des autres.

Comment vous est venue l’idée de créer Cléone ?

C’est le fruit de plusieurs rencontres. Alain Akoa, le metteur en scène de cette pièce, m’a contacté. Il avait travaillé avec la chorale Sankofa Unit et désirait proposer à sa chef de Chœur, Joby Smith un projet pour elle et sa chorale. Quand j’ai rencontré Joby Smith, je me suis tout de suite attachée à sa personnalité et à son histoire. A elle seule, elle cristallisait tous les combats d’une vie de femme, d’une vie d’artiste, d’une entrepreneuse passionnée. Je me suis inspirée de ce qu’elle dégageait, et l’ai choisi comme personnage central pour créer une histoire universelle.

Pourquoi avoir choisi comme thème l’univers de la soul des années 90 ?

Déjà parce que Joby Smith et moi avons le même amour pour cette musique. C’est déjà un sujet qu’elle maitrise, et n’étant pas comédienne, il fallait qu’elle soit à l’aise, en terrain connu, pour aborder ce défi. Les années 90 sont un créneau qui n’a pas ou peu été exploité par les productions contemporaines. Par exemple, comme on surfe beaucoup sur la nostalgie des années 80  peu de gens sont conscients qu’il y a un public pour ces choses. La « Soul Music» est une Muse. C’est un petit mot qui contient à lui seul une pléiade de sensations : la passion, la spiritualité, l’amour, la haine, la trahison, la souffrance, l’humour l’émotion, le renoncement, le travail, la cohésion… il y a matière à raconter, et à ressentir. Les possibilités sont infinies.

La mise en place du projet-a-t-elle été une démarche facile pour vous ?

Absolument pas. Mais elle a été facilité par le concours de gens très bienveillants. Notamment le Théâtre du Ménilmontant , qui nous a particulièrement bénis en nous prêtant gracieusement les salles de répétitions, quelques-uns des éléments de décors, et a assuré un arrangement en co-production. Sans compter le concours de nos artisans et graphistes, très talentueux, Jean-Louis Rolland, David Fréchou et Nicolas Plantier qui ont accepté de baisser leurs tarifs pour nous. Alain Akoa et moi-même étions seuls, avec nos petits moyens. Nous avons pu présenter la pièce sous le nom de sa compagnie, « Candies », mais nous n’avons bénéficié d’aucune aide extérieure, aucune aide financière, ni demandé aucunes subventions.

Après quatre représentations, quel bilan faîtes-vous de la pièce ?

Un bilan extrêmement positif :

Nous voulions savoir si Cléone pouvait être un spectacle capable de tenir l’affiche pendant des mois et nous sommes vraiment très heureux, tant à la production qu’au niveau des comédiens. Les retours ont été au-delà de nos expectations, les gens ont été séduits. Certaines personnes sont revenues deux fois. Nous avons réussi à faire voyager les spectateurs non seulement à travers les souvenirs d’une époque, mais plus important encore, c’était un voyage de l’émotion, de l’affect. Certaines personnes sont venues me voir en pleurant de joie, et d’autres riant aux éclats…. Mais le sentiment final était le même : chaque personne est ressortie de la salle avec un regain d’énergie positive. Et puis, surtout, notre but était que le spectacle s’adresse à des gens de TOUT âge, et de TOUS horizons. Pari tenu.

Actuellement nous sommes en plein démarchage, pour un nouveau lieu, et nous sommes en contact avec des personnes qui souhaiteraient nous produire. Nous souhaitons aujourd’hui prendre le temps de préparer un retour avec plus de moyens.

Avez-vous un projet particulier sur lequel vous travaillez en ce moment ou envisagez de travailler dans un futur proche ?

En tant que comédienne je suis effectivement impliquée dans quelques projets. Je reviens de Côte d’Ivoire par exemple, ou j’ai commencé le tournage d’une série dramatique extrêmement bien ficelée. Je suis également co-auteur et actrice dans une mini-série trans-média, WIIP (West Indian Internet Protocol) qui devrait voir le jour dès le début d’année. C’est un projet que nous portons avec le réalisateur et producteur Ody Steven Luchel et O’VISION productions. Et puis, au niveau de l’écriture, j’ai des scénariis en cours, que je compte bien produire, avec la compagnie que je viens de créer, ROUGH FAITH.

After eight months of intense work, Cleone’s theatre group can be proud of its four shows hosted at Ménilmontant Theatre in Paris from 21st to 25th October 2015. The play, which was sold out each evening, has been a great success with the public.

if the minimalist sets and costumes inspired from 90s America seduced the audience, the dialogues, smart and perceptively written, led the the spectators into a dramatic ecstasy. There is no need to say that the audience will never forget that hilarious battle rap song between Jérémy (Nicolas Mouen) and Madam Clay (Véronique Gaudin) neither Cleone (Joby Smith) and Jessica (Clementine Justine)’s eloquence when facing the volatile Akil (Steeve Burdey) and the impetuous Jérémy. The public will keep also in mind Cleone’s talented choir (Sankofa Unit) rocking the scene with its dynamism and vocal performances.

The play staged by the Director, Alain Akoa, was warmly applauded on the final day and the theatre group came up and meet the audience to exchange crunchy stories. Afrique sur scène has profited on that opportunity to collect information about Isabelle Ménal, the woman behind Cléone.

Please tell us about you…What is your background ?

I am an actress and writer, born in Paris but originated from Guadeloupe. My acting career only came later on in life although I was torn by passion for many years. As soon as I realised that thing was my vocation I attended classes so that to get a technical basis and a working method. Writing is for me a logical step of my creation process. It is part of the artist’s panoply. At one point, you cannot longer interpret things and depend on the eyes of the other. The need for creation is required, telling things and conveying your own messages and not those of the others.

How does the idea of writing Cléone come out to you ?

It is the result of several encounters. I was first contacted by Alain Akoa the stage Director. After he worked with  Sankofa Unit,  he wanted to create a project for the choir and the chorusmaster, Joby Smith. When I met Joby Smith, I focused on her personality and her story. She concentrated in her whole person all the struggles of a woman’life, an artist’s life,  and of a passionate entrepreneur. I was inspired by her energy and chose her as a central character to create a universal story.

Why did you choose the 90s soul music as a theme for your play ?

Because Joby and I share the same love for this music. As a singer this is something she handles well. Actually, she is not an actress and she needed to be at her ease to take up the challenge. Moreover, the nineties are a slot that is litlle or not exploited at all by the contemporary productions. For example, as we are surfing a lot on 80s’ nostalgy, few people are aware that there is a public for those things.

Finally, « Soul music » is a Muse. These little words gather many sensations : passion, spirituality, love, hatred, betrayal, pain, humour, emotion, renunciation, work, cohésion… There is certainly lot to report. Possibilities are endless.

Was the implementation of the project  easy for you ?

Absolutely not. But we were lucky to meet caring persons all along our approach. Menilmontant theatre, among others, blessed us when they kindly lent us rehearsal rooms, some elements of the set for free or made us musical arrangements in co-production. This was also possible thanks to the precious help of our talented artwokers and graphic designers, Jean-Louis Rolland, David Fréchou and Nicolas Plantier who accepted to work under their usual rates. Alain Akoa and I were alone despite our limited financial means. We  introduced the play under the name of « candies » which is Alain Akoa’s company. We did not benefit from any external assistance neither received any financial help or asked for any subvention.

After your four shows, what conclusions do you draw from the play ?

Highly positive results :

We wanted to find out if « Cleone » could be a show that is able to keep on stage for several months. The production as well as the actors are very happy to come to the same conclusion that it is possible. The feeback we had has gone far beyond our expectations. People were seduced. Some of them came back twice. We have succeeded in having people travelled through past memories but most importantly that was an emotional trip. Some persons came to me crying with happiness when others roared with laughter…However, the final feeling was the same as each one got out of the the theatre with an extra positive energy. And overall, our show aimed at gathering people of ALL ages and backgrounds. This is exactly how things have turned out.

What are you working on now and what are you planning to work on in the future ?

As an actress I am obviously involved in some projects. For example, I have just come back from the Ivory Coast where I started to work on the set of a drama serie whose storyline is tightly plotted. I am also working as a co-writer and actress for a trans-media mini-serie, WIIP (West Indian Internet Protocol), that should be released beginning of 2016. It is a project carried out by the Director and producer Ody Steven Luchel, O’VISION productions and I. Finally I am currently writing scripts and I plan to produce them, through ROUGH FAITH, a company that I have just created.

 

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