« Global Style Battles » : le photographe italien, Daniele Tamagni, pose un autre regard sur la mode

Cela fait plusieurs années que Daniele Tamagni sillonne les routes à la recherche de tendances dans des contextes socio-culturels différents. Récemment, le photographe italien a mis le cap sur les continents asiatique, latino-américain et africain. Si la langue, le sexe ou les origines séparent les sujets qu’il a immortalisé dans son dernier livre, l’ex-historien en art  a trouvé ce qui les relie : une tendance et une culture urbaine qui leur est propre, un style authentique devenu aujourd’hui une source d’inspiration dans le milieu de la mode. D’ailleurs, il en a fait le fil conducteur de son ouvrage photographique, « Global Style Battles » (Editions La Découverte) dont le lancement a eu lieu mercredi 3 février 2016 à Paris, lors d’un évènement organisé par African Fashion Gate.

Dans « Global Style Battles »,  vous invitez le lecteur à poser un autre regard sur la mode. Une mode sans frontières qui vient tout droit de la rue. Comment vous est venu l’idée de rendre visible l’invisible ?

Ça a toujours été ma passion, mon intérêt principal. Depuis mon travail sur les sapeurs en 2008, j’ai continué à rechercher des tendances dans des contextes sociaux, historiques, politiques…Découvrir des nouveaux styles et voir comment les jeunes de la nouvelle génération s’expriment en terme de créativité. Et surtout, valoriser cette créativité, parce que je pense que la mode, la vrai mode naît dans ces endroits. Après oui, il y a les grandes capitales de la mode, les passerelles. Mais l’inspiration que cette mode suscite…surtout en ce moment, est vraiment unique. Paul Smith, à mon avis, est un bon exemple. Il s’est inspiré des sapeurs pour sa collection (…) Le fil rouge de ce livre, c’était de créer un travail culturel…La mode n’est pas quelque chose de superficiel. Bien au contraire, elle trouve ses racines dans l’histoire, la sociologie, etc… et c’est ça qui m’a vraiment inspiré.

Pourquoi avoir porté principalement votre choix sur l’Amérique Latine et l’Afrique dans la création de vos visuels ?

Il y a aussi un chapitre que j’ai consacré à l’Asie. En fait, je suis un peu « africanisé ». Je collabore avec un magazine qui s’appelle Africa et qui traite de la culture africaine. L’approche est différente de ce que nous sommes habitués à voir dans les journaux, à savoir les guerres, les images un peu édulcorées, stéréotypées, exotiques…Notre travail consiste à rechercher des réalités de la vie quotidienne…La mode est donc un prétexte pour raconter ça. C’est une métaphore de cela. La mode exprime l’identité des gens…Il est vrai que l’intérêt principal, c’est l’Afrique. Mais je ne voulais pas faire seulement un livre sur l’Afrique pour ne pas trop marginaliser le continent. Je voulais aussi élargir mes perspectives et j’ai trouvé d’autres sujets intéressants. Je suis allé en Bolivie pour un travail sur un autre livre et le hasard m’a amené à m’intéresser aux Cholitas, à la tradition et à la culture indigène…A Cuba, par exemple, pays sujet aux changements, ce sont les racines africaines et latino-américaines qui m’ont attiré. En fait, ce ne sont pas les pays qui sont importants. Sinon j’aurais continuer avec le Brésil ou autres. Le fait est que dans tous ces choix, ces différents modes de vie, je me suis retrouvé. Je voulais montrer des données inaperçues. Mon livre est un point de départ pour un travail, un projet et montre les similitudes qui peuvent exister dans d’autres parties du monde. Ce qui est intéressant c’est qu’il n’y a pas l’Europe ou les États-Unis. Mon but n’était pas de rechercher la mode dans les pays développés mais plutôt rechercher des tendances dans des contextes urbains en Afrique, en Amérique latine et au Sud-est asiatique…avec oui une prédilection pour le continent africain.

Votre livre sonne comme un contre-pied aux industriels de la mode. Avez-vous voulu leur faire passer un message ?

Oui, oui, il y a beaucoup de messages et ce sont de bons messages. Parce que vraiment, ces jeunes, je les trouve révolutionnaires. Ils ré-interprètent les codes de la mode, de la street fashion avec un intérêt tourné vers leurs cultures et une inspiration qui vient de l’occident. Les sapeurs, par exemple, leurs vêtements sont des tenues de créateurs occidentaux qu’ils ré-interprètent à leur façon, avec du style, de la couleur. C’est comme un défi, une révolte, quelque chose de new, de différent. C’est la même chose avec les heavy metal du Botswana. C’est une musique, un style. Ce que j’aime, c’est cette relation musique/mode qui vient de l’occident associé à leurs propres accessoires. Cette créativité est d’autant plus intéressante quand on voit que les gens qui écoutent ce genre de musique ne s’habillent pas comme ça…Ils redonnent vie à une mode, un style qui a perdu toute énergie ou vitalité en Italie ou en France.

En tant que photographe, qu’est-il primordial pour vous de montrer dans vos œuvres photographiques ?

Pour moi, c’est raconter les gens. Parce que mon travail est surtout un travail  d’analyse. La mode est un prétexte pour raconter ce qu’il y a derrière l’apparence des gens. En découvrant la personnalité de ces gens, on peut mieux les raconter. Mais on  raconte aussi des styles et en faisant connaître ces styles, on raconte les changements observées dans des contextes. Mes photos ne sont pas axées seulement sur les individus. Ils tiennent compte aussi des contextes. Ce sont des photos « ambiancées », souvent spontanées…En tant que photographe, c’est vraiment la spontanéité qui m’intéresse.

Avez-vous une anecdote qui vous a particulièrement marqué et que vous souhaitez partager avec Afrique sur scène ?

A Amsterdam en 2010, j’ai participé à une exposition organisée par la Fondation Prince Claus. C’était la première fois où j’exposais les sapeurs et on a invité Willy, le jeune homme qui a fait la couverture de mon livre Gentlemen of Bacongo. Le jour du vernissage, il a disparu. Il ne voulait pas rentrer chez lui. Et pourtant, cette image iconique du livre a inspiré  la mode de manière positive…Tout ça pour vous dire que le rêve des sapeurs c’est de venir en Europe pour s’affirmer et échapper à une vie difficile quitte à rentrer dans la clandestinité. Il a préféré rester en Europe plutôt que de connaître la célébrité. Mais après tout, rentrer au pays et retrouver les difficultés…Il ne faut pas oublier que les sapeurs sont des gens qui vivent dans la débrouille mais qui dépensent pour la passion de leurs habits. Le monde des sapeurs c’est un monde de rêveurs. S’habiller comme ils le font c’est une manière de rêver. On retrouve ici la relation France/Congo ou Afrique/Occident. C’est une anecdote intéressante.

Cette photo est notre coup de cœur. Pouvez vous nous en dire plus à ce sujet ?

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Ce sont deux étudiants en mode. Ils aiment le style sartorial. Donc ils se définissent comme « sartoristic », une combinaison du terme « sartorial » et « artistique ». En fait, ils s’habillent avec les vêtement de leur père. Ils viennent d’Alexandra, un quartier des townships de Johannesbourg. Ils ont posé devant leur maison. Alors que la plupart des gens portent des vêtement colorés, eux ont fait le choix de porter des vêtements sombres. Ils se sont inspirés des grands leaders africains comme Lumumba. Ils ont un style un peu vintage des années 60. Ce sont des bloggers connus dans le milieu de la mode et sont très demandés. Ils amènent de la nouveauté. Ils fréquentent les Fashion Week et ont comme designer préféré, l’américain Tom Brown. Ce sont des jeunes qui, je pense ont un brillant avenir en tant que journaliste de mode ou encore chroniqueur de mode à Johannesbourg, une des villes les plus émergentes au niveau de la mode tout comme Dakar, je crois.

Découvrez les travaux photographiques de Daniele Tamagni sur son site internet : DANIELE TAMAGNI

Daniele Tamagni has been travelling around the world for years searching  trends in various socio-cultural contexts. Recently, the Italian photographer visited the Asian, Latin American and African continents. If language, gender, origins separate the individuals he captured on his latest book, the former art historian has found something that binds them together : their own urban trends and culture, their authentic style. Today, those are a source of inspiration for the world of fashion and Daniele Tamagni used them as a thread  throughout his photographic book, « Global Style Battles » (Editions La Découverte), whose launch took place in Paris on Wednesday 3rd February 2015, during the African Fashion Gate‘s event.

In « Global Style Battles », you invite the reader to take another look at fashion. Fashion without borders, straight from the street. How did the idea of having people seen the unseen come out to you ?

It has always been my passion and my main interest. Since I worked on the Sapeurs in 2008, I keep on searching changes on social, historical and political contexts…Discovering new styles and see how young people can express themselves in terms of creativity. Over all, increasing the value of that creativity, because fashion, true fashion, I think,  is originated from those places. Obviously, we can talk  about fashion capital cities,  bridges. But the inspiration that fashion raises…especially at this moment is truly unique. In my opinion, Paul Smith is a good example. He got his inspiration from the Sapeurs for his collection (…) The connecting thread throughout this book was to create a cultural work…Fashion is not something superficial. Quite on the contrary, it has its roots in history, sociology, etc. and that is what most inspired me.

Why did you mainly choose to focus on Latin America and Africa for your visuals ?

There is also a chapter dedicated to Asia. In fact, I am a little « africanised ». I am working in collaboration with a magazine entitled Africa, which deals with the African culture. The approach differs from what we are used to see in newspapers, such as wars, sweetened, stereotyped or exotic images… Our work consists in showing the realities of everyday life…Fashion is, thus, an excuse for telling stories with regards to that. It is a metaphor of that. Fashion expresses people’s identity…It is true that the main interest is Africa. But I did not want to make a book that only focuses on Africa so that to avoid having the continent marginalised. I wanted to get a global outlook and I found other interesting individuals. When I went to Bolivia for the needs of another book I was working on,  I discovered the Cholitas, the tradition and the indigenous culture by coincidence…In Cuba, for example, a country subject to changes, African and Latin American roots drew all my attention. In fact, countries are not important, in my opinion. Otherwise I would explore Brazil and many other countries. The thing is that I found myself in all those choices, those different lifestyles. I wanted to show the unseen. My book is a starting point for a work, a project and emphasizes on similarities that one can find in any other part of the world. What is interesting is that Europe and the United States are not part of the project. My goal was not searching fashion in developed countries but searching changes in African, Latin American and South Asian urban contexts…with obviously a predilection for the African continent.

Your book sounds like the exact opposite of the fashion companies. Have you tried to send them a message ?

Yes. There are many messages and they are good ones. I think those young people are revolutionary. They reinterpret fashion codes, street fashion with an interest focused on their own culture and an inspiration that comes for the western countries. The Sapeurs, for example, reinterpret western designers’ clothes with their own style and colours. It is like a challenge, a kind of rebellion, something new, different. It is the same thing with the heavy metal from Botswana. It is a music, a style. I love this connection of music/fashion that comes from the western countries associated with their own accesories. This creativity is particularly interesting, over all when one knows that people who are listening to that kind of music are not dressed like that…They revitalize a kind of fashion or style that has lost all its energy in Italy or in France.

As a photographer, what is essential to convey through your visuals ?

In my opinion, telling people’s story is important. My work is over all a work of analysis. Fashion is an excuse for explaining what is behind people’s appearance. If you understand people’s personality then you are able to tell their stories. But I am also talking about  styles and when you have those styles known you are able to talk about the changes you notice in some contexts. My visuals are not only focused on individuals. They take contexts into account. They are often spontaneous photos with an atmosphere …. As a photographer, spontaneity is what I am constantly looking for.

Do you have a little anecdote that has profound and lasting effect on you and you wish to share with Afrique sur scène ?

In 2010, I took part of an exhibition organised by Prince Claus Fund in Amsterdam. I introduced there the Sapeurs for the first time and Willy, the young man featured on the front cover of my book « Gentlemen of Bacongo » was invited. He disappeared on the day of the opening. He did not want to go back to his country. However, that iconic image of the book has positively inspired the fashion world…All this to say that the Sapeurs’ dream is to come to Europe to gain self-affirmation and to escape from a difficult life event if that means to become a clandestine. He made the choice to stay in Europe instead of being famous. But upon reflection, going back home and facing  difficulties…We must not forget that Sapeurs are people who are dealing with problems but spend a lot of money for their passion for clothes. Sapeurs’ world is a dream one. Dressing that way makes them dream . We thus come to the notion France/Congo or Africa/Western countries.  It is an interesting anecdote.

Your picture below is our crush. Could you tell us more about it ?

Those two persons are studying Fashion. They like the sartorial style. They call themselves « sartorialistic », a combination of « sartorial » and « artistic » terms. In fact they are wearing their father’s clothes. They come from Alexandra which is a neighbourhood located in  Johannesburg’s township. The picture was taken in front of their house. While most people wear coloured clothes they have made the choice to wear dark clothes. They got their inspiration from African great leaders such as Lumumba. They have got a 60’s vintage style. They are famous bloggers from the world fashion and they are much in demand because they bring novelty. They often go to Fashion week and their favourite desiger is the American Tom Brown. I think those two young persons have a strong and bright future as a fashion journalist or fashion columnist in Johannesburg, one of the most emerging city in terms of fashion as well as Dakar. 

 Discover Daniele Tamagni’s artwork on his website : DANIELE TAMAGNI

 

Lumières d’Afriques, Clap sur l’artiste plasticien Nù Barreto

 Nù Barreto est un artiste plasticien originaire de la Guinée Bissau. Ce passionné des arts découvre très tôt sa vocation au contact de son frère aîné qui l’initie au dessin. « La bande dessinée fut mon premier amour et mon compagnon de solitude imposé, un moment de communion entre l’art et moi », nous confie-t-il. Il quitte son pays à l’âge de 22 ans et s’installe en France pour étudier la photographie à l’école des Gobelins. Son oncle tente de le dévier de sa trajectoire, les métiers de l’art étant une voie difficile à embrasser. Malgré la relation conflictuelle qu’il entretient avec son oncle, le jeune guinéen s’accroche et réussit à boucler ses études. Après des débuts difficiles dans la photographie, Nù Barreto se tourne tout naturellement vers la peinture. La photographie me semblait assez statique et restreinte car elle n’apporte pas la possibilité d’ajouter des éléments importants pour permettre une lecture fluide et facile d’une œuvre (..) Par contre, la peinture et le dessin me permettent d’agir à ma convenance. L’invitation d’une amie à une exposition sera le point de départ de sa carrière artistique. Connu pour son travail d’artiste engagé, Nù dénonce dans la majorité de ses œuvres des problèmes de société. Aujourd’hui, son travail est exposé à l’international, notamment en France, au Portugal, en Espagne, au Brésil…Sélectionné pour représenter la Guinée Bissau à l’exposition Lumières d’Afriques, nous avons voulu en savoir plus sur l’artiste.

 

Vous représentez la Guinée-Bissau dans l’Exposition « Lumières d’Afrique » qui réunit les 54 pays Africains au Palais Chaillot à Paris. Qu’avez-vous ressenti à l’annonce de votre sélection ?

C’est tout simplement une joie de partager son expérience et son histoire avec les autres. J’ai eu dans le passé d’autres occasions de représenter la Guinée-Bissau. C’est toujours un moment d’échange fantastique. J’espère simplement la représenter dignement en montrant les préoccupations des guinéens au monde entier.

Le thème de l’exposition c’est l’accès à l’énergie pour tous les pays africains. Pensez-vous que la Guinée-Bissau est concernée par ce problème?

La Guinée Bissau est logée à la même enseigne que le reste du continent. Depuis son indépendance en 1973, le problème d’énergie comme tant d’autres n’a jamais été pris en compte sérieusement. Ce crucial et vital problème a toujours été traité par intermittence, comme si la vie et le développement du pays n’en dépendent pas.

Nous sommes dans une période de légère amélioration qui pour moi est aussi le symbole de la fragilité. Il y a des lustres qu’on nous parle d’un projet de construction d’un barrage hydraulique qui aurait une capacité suffisante pour la sous région…We are still waiting.

Votre dernière série tourne autour de personnages qui flottent dans les airs. Comment vous est venu cette idée ?

Je serai toute ma vie lié amoureusement à ma culture. Je puise en elle mes raisons de décrire et crier mes amertumes. Que ce soit des causes universelles ou pas, j’essaie de puiser les sources nécessaires pour en être compris.

En Guinée-Bissau, lorsque vous n’avez aucun soutien, on dit que vous êtes lâché comme du pollen dans l’air, d’où l’expression en Créole « Largadu suma lã na bentu ».

Par errance, en quête de liberté et de sens, ces personnages tératologiques envahissent mes oeuvres depuis longtemps et m’aident à trouver une solution à mes questions.

Pouvez-vous nous parler de cette couleur grisâtre omniprésente dans cette série ?

La couleur « Pretu Funguli » (Noir Funguli) reflète un désarroi et une situation. Lorsqu’un individu n’utilise pas de lotion pour le corps, sa peau devient blanchâtre et sèche, ce qui donne un aspect grisâtre sur les personnes noires ébène. Ce phénomène qui touche ceux vivant dans une pauvreté extrême est propre à l’Afrique et témoigne d’un flagrant déséquilibre économique et social. Ce sont souvent les enfants qui sont victimes de cette carence. La couleur « Pretu Funguli » a été extraite de ce phénomène puis  transposé de manière à décrier le sens du mot « Funguli ». En créole guinéen, ce mot veut dire « avoir la peau blanchâtre ». Aujourd’hui, il est entré dans le langage courant et est utilisé pour séparer les classes sociales. Pour endiguer ce fléau, je dénonce donc cette inégalité avec ma couleur de coeur, le « Pretu Funguli ». Elle fait partie de ma création actuelle et je poursuis ma démarche de manière à trouver une issue favorable. Une issue de compréhension.

Quels sont les peintres africains que vous admirez ou qui vous inspirent ?

Je préfère parler de considération et non d’admiration dans certains cas. Mise à part l’engagement dans la criarde ligne idéologique que je défends. Je pense avoir un travail antagonique et particulier. Le vécu est personnel à chacun, nous avons tous une histoire et un rêve à partager.

Je ne m’inspire pas de personnes. Je compose avec les vécus ou les expériences des autres.

J’apporte une réelle considération pour le travail de Ernesto Shikani (Mozambique), El Anatsui (Ghana), Iba Ndiaye (Sénégal), Ernest Duku (Cote d’Ivoire), Jacob Yacouba (Sénégal) ou encore Manuel Figueira (Cap Vert), Ludovic Fadairo (Bénin), Freddy Tsimba (RDC), Braima Injai (Guinée-Bissau), Soly Cissé (Sénégal)… enfin la liste est longue. La tranquillité de l’expression de Piniang (Sénégal) me passionne énormément ! Certains parmi la longue liste, ont construit une démarche pleine de sens et un travail consistant tandis que d’autres, plus jeunes, font un remarquable travail.

Je ne saurai citer ma préférence tant la liste est vaste.

L’Afrique a des grands artistes.

Avez-vous un thème particulier sur lequel vous travaillez ou envisagez de travailler ?

Je ne me suis jamais imposé une thématique à aborder. J’ai souvent suivi mon instinct et j’avoue que l’humanité me donne assez à faire.

J’ai un travail très engagé qui résulte de ma volonté de défendre des causes.

Je développe encore le Prétu Funguli (Noir Funguli), car j’estime avoir encore tant de choses à produire pour dénoncer. Je laisse libre cours au destin de continuer à m’imposer des causes à défendre.

Le thème de l’identité pourrait être un prochain combat, parce que depuis pas mal de temps, je me pose beaucoup de questions à ce sujet. A voir…

L’oeuvre ci-dessus est notre coup de coeur. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Il fallait aborder le thème de la Lumière sous deux angles différents. Premièrement, Lumière comme source et deuxièmement, Lumière comme potentialité ou capacité de s’assumer en tant qu’africain et être humain.

De ce fait, Sukuru  qui est le titre de l’oeuvre a subi deux étapes.

En voulant tester et démontrer le résultat du manque de lumière, j’ai abordé l’étape initiale dans la pénombre totale, exprimant parallèlement la difficulté que le manque de lumière nous inflige.

La deuxième lecture consiste à poser ces personnages dans une position de totale capacité de leurs moyens et de montrer une émersion, têtes hautes et sans complaisance vers un nouveau monde. Les personnages ne sont pas à la recherche de considération par compromis ou intérêt mais désirent être considérés à leur juste valeur.

Ces deux approches juxtaposées me semblent indispensable si l’on considère la lumière comme source mais aussi Lumière d’une projection. J’ai ajouté quelques collages de textes pour faciliter la lecture de l’oeuvre et permettre à chacun une libre interprétation.

L’idée de confronter et exprimer les deux sens d’une seule Lumière, semble propice au confrontations des objectifs de développement d’une société.

Donc la lumière reste une source indéniable dont on aura éternellement besoin.

Découvrez les oeuvres de Nù Barreto sur son site internet : www.nubarreto.com

 

Nù Barreto is a visual artist originated from Guinea Bissau. This man of arts and passion discovered his vocation from his elder brother who taught him how to draw at an early age. « Comic strip was both my first love and my companion in solitude, a moment of connection between arts and I », he says. He moved to France at 22 and studied at the Paris based School of the Image, in Gobelins. His uncle persuaded him to change his orientation as visual arts are not something easy to handle. Despite the conflicting relationship he had with his uncle, the young Guinean persevered and managed to finish his studies. After a tough start in photography, Nù Barreto naturally turned to painting. « Photography sounded quite static and limited because it does not bring the possibility to add elements that allow you to have a clear and easy reading of the artwork (…) By contrast, painting and drawing can offer you the opportunity to act at your convenience ». The invitation to an exhibition from a friend of his will be the starting point of his artistic career. Known for his work of an engaged artist, Nù denounces social issues in most of his paintings. Today, his artwork is exhibited all over the world : France, Portugal, Spain, Brazil… Nominated to represent Guinea Bissau at Lumières d’Afriques Exhibition, Afrique sur scène wanted to know some more about the artist.

You represent Guinea Bissau in « Lumière d’Afrique » Exhibition that gathers the 54 African countries at Chaillot Nationale Theater in Paris. How do you feel with regards to your nomination ?

It is simply a great joy to share my experience and my story with others. In the past, I had other opportunities to represent Guinea Bissau. It is always a fantastic moment of exchange. I hope I will be a dignified representative and will be able to show Guinean concerns to the whole world.

Acces to energy for all African countries is the theme of  the exhibition. Do you think Guinea Bissau is concerned by this issue ?

Guinea Bissau is in the same boat as the rest of the continent. Since it recovered its independence in 1973, the energy issue, as well as many other ones, has never been taken into account seriously. This crucial and vital problem has always been addressed in an intermittent manner, as if life and development do not depend on it.

We have entered a period of slight improvement that is, in my eyes, a symbol of fragility. We have been waiting for ages, an hydraulic dam construction project that would have enough capacity for the sub-region…We are still waiting.

Your latest serie is about characters that appear to float in the air. How does this idea come out to you ?

I will be faithfull to my culture all of my life. I draw my inspiration from it to describe and express my resentments. Whether they are universal causes or not, I try to get enough inspiration from it so that to be  understood.

In Guinea Bissau, when you have no support, we say that you are released like pollen into the air, hence the Creole expression « Largadu suma lã na bentu ».

Wandering in search of freedom and meaning, those teratotolgy characters have been invading my artworks for a long time and have helped me find a solution to my questions.

Could you tell us more about the « Pretu Funguli », this greyish colour that defines your style for this serie ?

The « Preto Funguli » colour generates both a disarray and a situation. When an individual does not use body lotion for his skin, the latter becomes whitish and rough, providing that greyish aspect especially on dark skinned persons. This phenomenon that affecting people who are living in a severe poverty is specific to Africa and reveals an economic and social stark imbalance. Children are often the victims of this void. The « Pretu Funguli » colour has been extracted from this phenomenon and then transposed so that to denounce the meaning of the word « Funguli ». Guinean Creole defines that word as « having a whitish skin ». Today, it has entered the language and is used to separate social classes. To curb this problem, I am denouncing this inequality with my heart colour, the « Pretu Funguli ». It is part of my current creation and I continue my mission seeking a favourable outcome that ensures a thorough understanding.

Who are the African visual artists that you admire or take inspiration from ? 

I prefer talking about consideration and not admiration, in some cases. Aside for the involvment into the pressing ideological line that I have been defending. I think I have an antagonistic and particular work. Lived experience is something personal to eah of us. We all have a story and a dream to share. I do not draw inspiration from anyone. I am coping with the lived experience of others.

I have a real consideration for the work of Ernesto Shikani (Mozambique), El Anatsui (Ghana), Iba Ndiaye (Senegal), Ernest Duku (Ivory Coast), Jacob Yacouba (Senegal) ou encore Manuel Figueira (Cape Verde), Ludovic Fadairo (Benin), Freddy Tsimba (DRC), Braima Injai (Guinea-Bissau), Soly Cissé (Senegal)… the list is endless. The relative calm of Piniang’s expression (Senegal) passionates me a lot. Among this long list some of them have constructed an important path filled with meaning while other youngers have done an impressive work.

It is difficult to choose my favourite one as the list is so long. Africa has got great Artists.

What are you working on now or what are you planning to work on in the future?

I never impose myself a theme to undertake. I often follow my instinct and I must admit that humanity provides me enough to do. I have an engaged work that comes from my willing of defending causes.

I am still developing « Prétu Funguli  » (Black Funguli) because I think I still have a lot to produce if I wish to to denounce things. I hope destiny will keep on imposing me causes to defend.

The identity theme could be my next struggle because I find myself continually questioning about it.  We will see…

Your above artwork is our crush. Can you highlight us about it ?

I have to undertake the Light theme under two angles. First, Light as a source and second Light as a potential or an ability to assume oneself as an African or a human being.

As a result, Sukuru which is the artwork’s title has required a two step process.

While wanting to test and proving the result from the lack of light, I started the first step by working on the shadows, expressing at the same time the difficulty that situation could cause.

The second step consisted in having those characters in full possession of their faculties and showing an emersion, head-up without fear or favour towards a new world. The characters are not looking for compromise. They just want to be considered at their fair value.

A side-by-side comparison sounds essential if we consider Light as a source and also Light as a projection. I added some collages of newspapers so that to have an easy reading of the artwork and allow people to have their own interpretation.

The idea of confronting and express the two meanings of one Light sounds favourable to a society’s development goals.

Thus, Light remains a key source that will be needed forever.

Discover Nu Barreto’s artwork on his website : www.nubarreto.com

Terri Gold : « Nomades au Niger » et « la Vallée D’Omo » (Ethiopie)

Cela fait maintenant 25 ans que la photographe américaine, Terri Gold, parcoure le monde. Globe-trotteuse dans l’âme, elle ne se sent heureuse que lorsqu’elle se retrouve dans les coins les plus reculés de la planète. Connue pour ses images infrarouges de peuples indigènes, ses travaux ont été maintes fois exposés dans des galeries internationales et beaucoup d’articles lui ont été consacrés dans la presse dont aCurator, l’oeil de la photographie, ou encore Lenscratch. Elle a été également récompensée à plusieurs reprises : Prix international de la photographie, Prix de la photographie, Prix Paris (PX3), Prix Humanity Photo et Prix du Black and White Spider. C’est donc en toute humilité que Terri Gold a accepté de partager avec Afrique sur scène sa vision poétique des Nomades au Niger  et des peuples de La Vallée d’Omo (Ethiopie), ses deux dernières séries photos prises sur le continent africain.

Quel sont les sujets qui vous intéressent ou que vous exprimez à travers votre travail ?
J’ai toujours eu une passion pour la capture visuelle des rites qui définissent nos vies, créer des images qui explorent nos connections humaines telles qu’elles sont. Je m’inspire des différentes façons dont les gens trouvent un sens à leurs vies, et comment chacun explore son existence à travers ses traditions. J’adore les fêtes et les manifestations en tout genre où les gens vivent sur le moment, le moment d’inattention.

Parmi toutes vos séries photos, plusieurs ont été prises dans des lieux exotiques. Vous semblez aimer l’aventure et les voyages. Comment vous est venue l’idée de prendre des photos de ces lieux ?
Mes premiers souvenirs me ramènent au temps où je faisais pivoter mon globe terrestre. J’étais toujours attirée par les derniers recoins mystérieux de la terre. Je voulais aller à la rencontre des gens qui n’ont pas oublié les anciennes traditions, ceux qui savent encore reconnaître le passé dans le vent. Les noms de terres lointaines me sont venus à l’esprit; Samarkand, Lhasa, Tombouctou. J’ai commencé à voyager en lisant des livres de Mary Kingsley Travels in West Africa (Voyages en Afrique de l’ouest), d’Alexandra David-Néel’s, Magic and Mystery in Tibet (Magie et Mystère au Tibet)…et bien d’autres encore. J’ai lu tous les récits des anciens voyageurs. Je rêvais de traverser l’Himalaya en caravane. Et dès que j’ai grandi, j’ai voulu réalisé  mon rêve et c’est avec trois appareils photos autour du cou que j’ai commencé le voyage de ma vie.

Pouvez-vous nous expliquer vos dernières séries photos, The Omo Valley  (La Vallée d’Omo) et Nomads in Niger (Nomades au Niger) ?

La Vallée d’Omo
C’est dans la vallée d’Omo, dans la savanne d’Afrique orientale que vivent les tribus Surma, Kara, Hamar, Dassanech et Mursi. Cette ancienne terre de mystère est considérée comme le berceau de l’humanité.
En vivant en parfaite symbiose avec la nature, ces tribus ornent quotidiennement leurs corps avec les matières naturelles qui les entourent, les plantes, les coquillages, les peaux d’animaux, de l’argile et de la peinture au couleurs vives extraites de pigments naturels. L’embellissement et la pratique de scarifications, à la fois beau et brut, sont des moyens pour les individus de construire leur identité à l’intérieur de la communauté (cf photo ci-dessus, Tribu Suri de la Vallée d’Omo en Ethiopie).

Nomades au Niger
Au Niger, dans le désert du Sahel, la tribu nomade Wodaabe reste attachée à son mode de vie. En phase avec le rythme de la nature, ils restent fidèles à leurs traditions.
Après que la pluie ait arrosé le sol poussiéreux, les Wodaabe se réunissent pendant 7 jours pour célébrer la cérémonie du Gerewol. Les hommes se concurrencent pour obtenir les faveurs des femmes, à l’occasion de démonstrations  de beauté, d’endurance et de magnétisme.
Les Wodaabe considèrent la vie comme un canevas où se tissent la souffrance et la joie et voient la tradition comme un chemin de fraternité, d’assistance mutuelle, de respect de l’autre mais aussi de joie et de liberté.

Je vois que vos photos ont toutes un filtre unique. Pouvez-vous nous en dire plus ? Comment réussissez-vous à obtenir cette belle et mystérieuse couleur ?
Au début de ma carrière, j’ai cherché une pellicule qui pouvait immortaliser le monde tel que je le ressentais, avec tous ses mystères. J’ai commencé par produire des images en utilisant une pellicule infrarouge et en créant des fractionnements de tons en chambre noire. Maintenant, j’utilise un appareil photo digital que je règle sur l’infrarouge et la chambre noire digitale.
Le fait d’utiliser des lumières infrarouges apporte de l’irradiance et du mystère, ça va bien avec le côté surréel du temps quand vous voyagez dans des lieux où les coutumes de différents millénaires coexistent ensemble.

Avez-vous votre propre philosophie de travail ?
Je veux créer des images qui nous rappellent, ainsi qu’à la génération à venir, la beauté et la diversité du monde. Mon travail est interprétatif. C’est un style qui combine l’artistique et le documentaire photographique. Dans chacun de mes voyages, j’ai été accueilli dans l’intimité des foyers où j’ai assisté à des cérémonies et où j’ai pu photographier les rituels familiaux. J’ai appris que si l’on partage nos histoires et qu’on apprécie les mystères de chaque univers, on peut réussir à comprendre avec profondeur ce qui lie le passé et le futur.

Quel message souhaitez-vous transmettre à travers vos travaux photographiques ?
Mon travail en cours « Still points in a turning world » explore des vérités universelles interculturelles : l’importance de la famille, de la communauté, des rituels et l’étonnante diversité de son expression.
Après plusieurs années de voyage, j’ai remarqué la fierté qu’avait les peuples indigènes pour leur environnement et leur culture. D’abord attirée par nos grandes différences, je me rend compte à présent que je continue à être fascinée par la façon dont nous nous ressemblons.
Je ne montre pas l’altérité. Je montre plutôt une fenêtre sur notre humanité commune. Donc nous ne pouvons voir que nos coutumes et nos traditions dans ces images. Mon souhait c’est que l’on reconnaisse le désir universel de connecter notre histoire et rendre hommage à la beauté et à la dignité de l’expression humaine.

Avez-vous des projets sur lesquels vous projetez de travailler dans un future proche ?
En Août, je pars au Kenya. En plus de passer du temps avec les Masaï et les Samburu, je vais photographier la faune diverse sur le terrain. Je suis excitée à l’idée de visiter la réserve de David Sheldrick pour photographier les activités conservatrices du Projet Orphan et son programme de réhabilitation d’éléphant et de rhinocéros.
Chaque jour de voyage est une possibilité de révélation. Ne voulons-nous pas comprendre le mystère de là où l’on vient et de celui où l’on retournera.

Au bout du compte tout ce qu’on a c’est notre planète, aussi belle que diverse soit-elle.

The Omo Valley - copie

« The Omo Valley » – Terri Gold

Nomads in Niger - copie

« Nomads in Niger » – Terri Gold

Découvrez les travaux photographiques de Terri Gold sur son site internet : TERRI GOLD

The American photographer, Terri Gold has been travelling around the world since 25 years now. As a globe-trotter at heart, she is happpy when she is in the most remote parts of the planet. Known for her infrared imagery of indigenous people, her work has been shown in international galleries and a lot of  articles has been published in medias such as aCurator, l’oeil de la photographie, or Lenscratch. She has received many awards from the International Photography Awards, Prix de la Photographie, Paris (Px3), Humanity Photo Awards, and the Black and White Spider Awards. With all humility, Terri Gold has accepted to share with Afrique sur scene her poetic vision of « Nomads in Niger » and people from « The Omo Valley », her two latest photographic series taken in the African continent.

What are the subjects you are mainly interested in or express through your artwork?
I have always had a passion to visually capture the rituals that define our lives and to create images that explore our human connections as they are formed. I am inspired by the different ways people find meaning in their lives, and how an individual explores their existence through their traditions. I love festivals and celebrations of every kind, where people are living in the moment, the unguarded moment.

There are lots of series you have shown to us. Especially I can see several series are taken at exotic places. It seems you are adventurous person and like travel the world. How did you start taking photos there?
My earliest memories are of spinning a globe. I was always drawn to the last mysterious corners of the Earth. I wanted to visit with people who have not forgotten the old ways, who feel their past in the wind. The names of far off lands called to me; Samarkand, Lhasa, Timbuktu. I began my travels in books by Mary Kingsley “Travels in West Africa”, Alexandra David-Néel’s “Magic and Mystery in Tibet”… and more. I read all the old travelers tales. I dreamed of traveling with a caravan across the Himalayas. As soon as I was old enough, I stepped into my dreams with three cameras around my neck and my life’s journey began.

Would you explain your latest photographic series, « The Omo Valley » and « Nomads in Niger » ?
Omo Valley: In the Omo Valley of the East African savannah, the Surma, Kara, Hamar, Dassanech and Mursi tribes dwell. This ancient land of mystery is regarded as the birthplace of all human kind. Living in complete symbiosis with nature, these tribes daily adorn their bodies with natural materials from the world around them, using plants, grass, shells, bone, animal hide, clay and colorful abstract body painting with natural pigments. Beautification and scarification practices equally beautiful and brutal are encouraged as a way for an individual to establish their identity within the community.
The Ethiopian government is building a massive hydroelectric dam that will disrupt the floodplain agriculture that has been practiced here since the beginning of recorded history. Many tribes will be forced to move. The communities in the valley understand to varying degrees that their lives will be changing very soon; but it is not clear what will happen next.

Niger: In the Sahel desert of Niger, the nomadic Wodaabe tribe are holding on to their way of living: in tune to the rhythm of nature, treading lightly on Earth, leading their beloved animal herds to water and staying true to their traditions.

Though constantly on the move throughout the year, after rain visits the dusty terrain, the Wodaabe gather for an extraordinary seven-day festival called the Gerewol. The men compete against one another for the favor of the women, in a test of beauty, endurance and magnetism.

The Wodaabe consider life a tapestry of suffering and joy, and regard tradition as a path of friendship, mutual assistance, respect for others, and ultimately – happiness and freedom.

I can see your picture has a definitely unique tone. Could you tell us about this? How do you make such a beautiful and mysterious tone of picture?
From the beginning of my career I searched for a film that could portray the world how I experienced it, with all its mysteries. I began making images using infrared film and creating split-toned images in the darkroom. I now use a digital camera converted to infrared and the digital darkroom.

Working with infrared light adds an element of iridescence and mystery, which suits the surreal sense of time when traveling to places where the customs of different millennia co-exist side by side.

Do you have your own philosophy for your work?
I want to create imagery that reminds us, and generations to come, how beautiful and diverse the human world is. My work is interpretive in nature, a combination of the artistic and documentary style of photography. On every trip I have been welcomed into private homes and lives, shared in celebrations and allowed to photograph intimate family rituals.

I have learned that if we share our stories and appreciate the mysteries of every realm, we may yet gain a deeper understanding of that which lies both behind and ahead of us.

What do you want people to get or think from your work?
My ongoing body of work ‘Still Points in a Turning World’ explores our universal cross-cultural truths: the importance of family, community, ritual and the amazing diversity of its expression.

After years of traveling I have experienced the pride indigenous people have for their environment and the pride in their culture. I realize that, although I was initially drawn by our vast differences, I continue to be fascinated by the ways in which we are alike.

I am not showcasing otherness, but rather providing a window on our common humanity. Though we may not see our own customs and traditions in these images, it is my hope that we recognize the universal desire to connect with our history and acknowledge the wonder and dignity of human expression.

What are you working on now and what are you planning to work on in the future?
In August I am travelling to Kenya. In addition to spending time with the Masaai and the Samburu, I will photograph the diverse wildlife that shares the terrain. I am excited to visit the David Sheldrick Wildlife Trust to photograph the conservationist activities of the Orphan Project, and its elephant and rhino rescue and rehabilitation program.

Every day traveling allows the possibility of revelation. Don’t we all want to understand the mystery out of which we came and into which we will return.

In the end, all we have is our planet, as beautiful as it is diverse.

Discover Terri Gold’s artwork on her website : TERRI GOLD